Près de mon arbre....

La cité d'Aube avait beau être merveilleuse, un endroit où il existait tant de chose à comprendre, à découvrir, il n'en restait pas un endroit de pierre, où la foule piétine dans l'ignorence les jeunes pousses d'herbes, où l'on brûle du bois avec indifférence.... Au bout d'un long séjour, toute nymphe traversait une période de malaise, d'étouffement. Tous les jardins du monde, même bien entretenu, ne pourraient redonner l'oxygène vital dont la jeune femme avait besoin. De plus, étant proche des plantes, la nymphe pouvait les entendre murmurer, crier leur souffrance.... Elle avait appris à vivre avec ses appels. Seuleument, parfois, la nature était plus forte que sa volonté propre.

Cela faisait bientôt deux jours qu'elle marchait à découvert, encapuchonnée sous un épais manteau de laine. Elle n'avait pris avec elle qu'une saccoche où son livre fétiche se trouvait, une petite gourde d'eau, et quelques biscuits, rien de plus. Branwen n'avait pas besoin de s'encombrer, elle connaissait le lieu où elle souhaitait se rendre par coeur. Si elle désirait de la nourriture, elle savait où regarder, ou creuser, ou cueuillir les meilleurs fruits. Si elle désirait boire, elle savait où aller s'abreuver. Lunia était sa maison.

Elle ne tarda que trop peu, enfin arrivée, elle repoussa la capuche qui lui couvrait la tête jusque là. Elle n'avait rencontré que très peu de personne sur son chemin, à part une ou deux carioles. La nymphe aurait pu paraître un peu étrange, ne possédant pas de cheval, marchant haletant à pied depuis des heures, poussièreuses. Mais cela lui importait peu car plus elle avançait, plus une douce sensation de joie la saisissait. La jeune femme frissonait de bonheur, se sentant vivifiée parmi toute ette verdure, cette nature. Sa chevelure rouge comme les feuilles automnales semblait s'enflammer, son teint devenait plus éclatant, ses petites lèvres rougissaient comme de la couleur des petites cerises sauvages. Encore quelques pas, encore quelques minutes et là....

" Haaaaa!!!!! "

Les yeux mauves de la nymphe s'étincellèrent d'un coup. Son rythme cardiaque s'accélèrait. Il était là, impérieux, magnifique, toujours aussi plein de vie. Quel joie de le retrouver comme au moment de leur séparation : son arbre kal'nikos.

Son tronc plus blanc que celui des bouleaux était long,fin, grand. Ses branches s'étendaient dans toutes les directions, et donnaient l'impression de gesticuler, de danser sous les brises venteuses, de saluer son public, d'inviter les gens à venir danser autour de lui, comme une mère appelant ses enfants. Les feuilles le décoraient par milliers, de leur couleur d'un rouge profonds, presque sanguins et pourtant si splendides. On aurait dit des guirlandes lumineuses, lui donnant un air si vivant.
Le soleil le mettait en valeur, perçant la forêt comme pour le désigner sur une grande scène. Cet halo lumineux qui l'entourait le rendait si irréel.

Sans plus tarder, un sourire se mit à briller sur le visage de Branwen et elle accourut vers l'immense végétal comme si elle accueuillait un être cher revenu de la guerre. Ses bras délicats s'enroulèrent autour du tronc, sa joue se frotta contre l'écorce.

" Je suis tellement heureuse... Tu n'a rien, tu es resté le même, tu es toujours aussi beau... hahahahaha.... je suis tellement heureuse....."

C'est alros que la jeune femme à la beauté non négligeable, retira son manteau, le laissant tomber sur le sol, ne s'en souciant à peine. Son regard restait collé sur le tronc qu'elle effleurait de ses doigts fragiles. Sa chevelure, ses voiles translucides, se ballotaient au grès des petites brises.
D'un pas lent, elle fit le tour de son arbre, jusqu'à se trouvait face à la gravure sur le tronc, le même symbole qui régissait à présent dans son dos, marquée à vie comme un animal de bétail. Son expression se fit plus attristé, elle se souvenait de cette douleur qu'il avait partagé, une douleur qu'elle n'avait pu haïr.... Pourquoi était-elle persuadée qu'il n'y avait pas de mauvaises intensions derrière ce mystérieux symboles?

" Tu m'avais manqué mon ami...."

C'est alors qu'elle s'assit entre les racines blanches de son arbre, se blottisant comme une enfant près de lui. Elle se servit de son manteau comme d'un coussin, le pliant pour le mettre sous sa tête. Elle se saisit aussi de sa sacoche, la serrant contre elle.

" J'ai besoin de me reposer...."

Lentement et paisiblement, les paupières de la nymphe se fermèrent. Son visage semblait si doux alors. La forêt de Lunia devint en un instant son berceau.

Trois cavaliers arrivèrent à hauteur d’un arbre sur lequel reposait une nymphe.
L’un d’entre eux était au devant et les deux autres suivaient.
Les montures noires des trois hommes galopaient à allure soutenue.
Le premier fit stopper son destrier au pied du tronc. D’un coup sec le cheval imposant leva ses pattes face à la nymphe et elle retombèrent sur le côté.
Des deux autres s’immobilisèrent aussi, toujours en retrait.
Elle s’éveilla à eux, sortit d’un long sommeil paisible.

Le chef de tête faisait tambouriner les sabots de son cheval au sol. Un pas en avant, un pas en arrière, l’animal ébène aux muscles et aux nerfs saillants, transposait son caractère à vif.
Son souffle nuageux se dégageait de ses narines avec le fraîcheur du bois.

Son maître, quant à lui, observait en silence quelques temps durant la nymphe qui était sur le flan droit.
Il était brun, ses cheveux finissaient en une tresse qui s’achevait au bas du dos.
Son regard abyssal, ses traits durcis et sa mine grise retraçaient son origine d’elfe noir.
Les vêtements sobres qu’il portait accentuaient l’apparence froide qui émanait de lui.

Ses deux compères à son dos n’avait pas plus accueillante présentation.
L’un deux frêle au cheveux roux en broussaille était doté d’une tenue légère et fluide.
Le second cicatrice à sa joue avec une stature imposante était coiffé en pique, et avait un habit arboré d’acier aux épaules et sur ses articulations.
Quand bien même, ils n’avaient qu’un intérêt moindre pour cette dame qu’ils trouvaient appétissante. Adeptes des belles femmes, ils la mataient avec une certaine réserve.
Effectivement, le meneur de la petite troupe avait une faible tolérance pour ce genre d’égarement.
D’un rapide regard mauvais lançaient à leur intention et ils baissèrent leur tête de suite sans contestation.

Le Commandeur Veryn Ronen, tel était sa dénomination, ne se gêner pas pour la regarder.
Sauf qu’à la différence de ses compagnons, son regard ne visait pas ses hanches ni ses courbures fines ou ses cheveux de feu.
Il était vide au mieux, voir plutôt obscur et impénétrable.
Il lui adressa la parole d’une voix grave et neutre :

« Comment t’appelles-tu ? »

Son étalon se mit à hennir sitôt. Son écuyer ramenait les reines pour le taire.
Il leva sa tête sur les branchages feuillu et dit :

« C’est ton végétaux ? »

Au moment où elle souriait aux hommes en retrait, le plus frêle et agité lui envoya une bise. Cela n'avait rien de bien amical, mais plutôt intéressé.

Du haut de sa monture, le Commandeur détailla de haut en bas sans retenu l'esprit de la forêt.
Les hauts arbres rendaient beaucoup d'ombre mais cela ne le dérangeait pas étant donné que la vue des elfes était plus que bonne.
Il fronça les sourcils quand il décela que la créature de la forêt frémit à sa voix.

* ... *

Branwen Elmira a écrit:

" Bien le bonjour messire. Je me nomme Branwen Elmira. Heureuse de vous rencontrer. "

" Hum ! "
Il eut un petit rictus au creux de sa bouche.

* Heureuse de nous rencontrer. *

Il ne répondit pas à la question de la nymphe sur son arbre, ni à aucunes autres d'ailleurs.
Lui dire ce qu'il en pensait de son arbre ? En pensait-il quelque chose !
Donner son nom ? Pourquoi faire, si lui n'en avait pas spécialement envie.
Sa route ? Honte à lui s'il ne savait pas se repérer. C'est vrai qu'il avait fait un détour par les bois à cause des rochers qui avaient obstrué la route.
Mais de là à se perdre, non merci.

Il avait retenu qu'elle était accueillante, généreuse et curieuse, peut être pas assez vigilante, du moins au goût de Ronen. Il notait aussi qu'elle n'était pas inutile.
Ronen était attentif mais n'aimait pas laisser paraître quoique se soi à l'exception à l'occasion de mépris, d'indifférence, et de haine. Assez calculateur, il ne voulait pas qu'on le devine.

D'un ton un peu machiné il répéta :

" Tu connais cette forêt par coeur ? "

La suite, il l'annonça de façon complètement amusé, légèrement ironique :

" Content de le savoir. "

En réalité, il était satisfait d'avoir appris ce qu'une nymphe était capable de faire.
Il se doutait que ce n'était pas la seule chose. Cela pouvait toujours servir néanmoins.
Par la suite, il décida de lâcher ses reines et de descendre de son cheval.
Il se pointa en face de la jeune créature, seuls quelques centimètres les distançaient.

De là, il lit toute la lueur délicate lilas des yeux de l'être si fragile.

* Elle ressemble à une fleur. *

Un flash-back revint en mémoire à Ronen :

Une petite fille à qui il avait donné une églantine.
Elle lui avait dit qu'elle aimait la beauté naturelle, elles si innocentes et si faibles.
En retour, il a eu droit à des pleures.
- " Pourquoi tu pleures ? C'est pas bien... " ( Se sont les faibles qui pleurent m'a dit ma maman............)
- " Parce que tu as coupé la fleur, elle va mourir ! "
- " ... "
Ce jour là, il avait comprit que chacun de ses actes avait une influence sur le reste du monde, de la plus petite action comme de la plus grande.

Tout en lui était pesant d'intrigue jusqu'à silence lourd.
Il tendit la main vers la tête de la nymphe et leva une feuille morte. Dans sa poigne il écrasa la feuille en miette et laissa le reste tomber par terre.

Coupant ce silence, un de ses gardes leva la voix :

" Qu'est ce qu'on fait Commandeur ? On campe ici ? "

Son compère souffla en réponse, exaspéré de voir son allié qui n’arrêtait pas d'être le pire cavaleur de dame.
C'était l'après-midi, ils étaient presque arrivés à la cité académique.
Il savait que le chef allait le rembarrer, pas la peine de vouloir faire mumuse avec la nymphe :

" Pfff... "

Ronen tourna sa tête vers eux, mais pas complètement. Son menton se stoppa à son épaule et son regard revisa à nouveau Branwen du coin des yeux.
Il n'avait pas encore décidé de quitter les lieux.

Ronen leva la main en l'air et d'un simple geste vers l'avant il les fit venir à lui. Sans dénié leur portait un regard il dit d'un ton sec :

" Partez à l'avant. Tarne... "

L'un d'eux répondirent à l'appel de son nom en avançant son destrier d'un pas de plus.
Drôle de nom avait-il que celui de la zone maudit de Lunéha :

" Oui Chef ? "

La voix de son dirigeant se montra très incisive, grave et glaciale :

" Je vous interdis le moindre écart, c'est comprit ? Je n'en aurais pour pas longtemps. "

" Oui chef. " Fit-il sans broncher.

Et ils partirent, laissant les derniers tambourinements des sabots de leurs chevaux pour unique témoin.
Le Commandeur était à présent seul avec la créature des bois.

Sur le coup, Branwen fut amusée de cette rencontre, d'autant plus quand elle s'aperçut que l'un des cavaliers lui avait envoyé une bise. C'était certaine un peu déplacé, surtout face à son chef, mais elle ne put s'empêcher de sourire naïvement. A vrai dire, la jeune femme avait pu constater ce genre de comportement en ville. Il n'était pas rare que certains hommes l'eurent regardé avec ces mêmes yeux lubriques, mais il n'y avait rien de méchant, jusqu'à présent néanmoins...

Lorsque la nymphe reprêta son attention au commandeur, un homme impérieux sur son cheval d'ébène, elle savait rien que par son aspect que c'était une personne dont il fallait se méfier, mais la gentillesse de la jeune femme voulait tout de même lui laisser le bénéfice du doute.

Cependant, elle fut prise d'un étrange frisson lorsqu'elle se sentit dévisager par cet individu. Cherchait-il quelque chose sur elle? N'avait-il jamais vu de nymphe? En tout cas, elle sourit de nouveau quand elle vit une petite grimace se dessiner sur son visage stoïque. Certe, l'espression qu'il laissa échapper était infime, mais pour un début, il fallait sans contenter.

* Que voilà un drôle de bonhomme.... Mmmm.... étrange.... Sans doute ai-je cette impression parce qu'il est un elfe? Ou est-ce parce que c'est un homme? Ou bien encore parce il ne semble pas bien amical? .... Ror.... il faut cesser de se faire autant d'idée avec si peu de mots échangés... *

Quand il répéta une des phrases de la jeune femme, sans doute plus pour lui même, elle acquiéçat d'un mouvement de tête et sourit innocemment, même quand il employa un ton un peu mesquin. peut-être se moquait-il d'elle? Oh! Cela ne l'atteigna pas alors. Branwen était peut-être une femme trop bonne pour y voir du mal...

D'ailleurs, elle en rajouta quelque peu.

" Oui. Par coeur. Je pourrais aisément vous en faire une carte, vous indiquer un endroit pour faire boire vos cheveux, ou cueillir quelques fruits si votre périple ne prenait fin que trop tard. "

Le plus étrange, c'était que cela aurait des services qu'elle aurait rendu avec grand plaisir. Aider autrui, quelque soit la personne, elle y mettait un point d'honneur. Voilà une chose que les amazones trouvaient désespérante, mais tellement attendrisssante. Seulement, il ne fallait pas croire qu'elle agirait ainsi tout le temps... Même une nymphe, quelle qu'elle soit, avait ses limites, mais c'était une face de leur personnalité que l'on ne connaissait pas.

Toujours suivant la silhouette masculine du commandeur de ses yeux violtets, elle le regarda descendre de son imposant canaçon et sans le quitter du regard, se prostrer devant elle, à quelques centimètres. Là encore, un curieux sentiment l'envahit. Elle n'arrivait pas à cerner le personnage mais cependant, elle ne montra aucune peur face à lui.

Elle l'observa alors se saisir d'une feuille morte, sans doute accrochée sa chevelure couleur de feu, et d'une geste mécanique l'écraser, sans un rictus sur le visage. Cela en était presque effrayant le temps d'une fraction de seconde. En poussière, la feuille venait de retourner à la terre prématurément. Si elle s'était décomposée naturellement, elle serait restée encore un vestige quelque temps.

Silencieuse, Branwen observa toujours l'elfe, d'un oeil curieux. Elle le regarda s'imposer face à ses hommes, de son ton glacial et décidé. Ils obéirent tous sans broncher. Etonnant. Sans doute était-il un homme charismatique et respecté... Si elle avait dû être sous ses ordres, elle aurait frémi à chacun de ses mots, seulement n'étant pas son obligée, elle ne trésaillit nullement.

Quelques secondes après les ordres, la nymphe se retrouvait seule avec l'elfe noir. Elle en fut de nouveau troublée mais néanmoins, cela ne l'empêcha pas de lui poser une question. Toujours avec la voix douce qui était la sienne, Branwen le regarda droit dans les yeux, comme si elle cherchait à savoir qui elle avait devant elle à sa façon.

" Avez-vous besoin de me poser une question en privé ? Où est-ce pour une autre raison que vos hommes doivent ignorer? "

Ses yeux mauves papillonèrent innocemment, le visage serein avec ce petit sourire en coin qui se voulait amical.

Il n'avait que faire de ce dont elle pouvait lui apporter pour l’heure, présentement il n’avait la nécessité de rien.
Mais le savoir de la nymphe pourrait bien s'avérer utile un jour ou l’autre, ce pourquoi il lui tendait l'oreille, pour le moment, il s'instruisait.

Branwen Elmira a écrit:

" Avez-vous besoin de me poser une question en privé ? Où est-ce pour une autre raison que vos hommes doivent ignorer? "

Alors qu'il sentit s'inverser la tendance du fait qu'elle posait trop de questions à son goût, il s’amusa de sa pureté qui la rendait bien plus vaillante que pour une personne ordinaire.
Il répondit alors à l’une de ses questions pour la première fois.
Son ton était moins neutre et légèrement plus diverti :

« Par pur plaisir. »

Il tourna à pas lent autour de la nymphe en un cercle complet avec un sourire contournant ses lèvres, qu'il ne cachait pas d'ailleurs.
Seul sans ses sbires, et pour cause, il ne voulait pas partagé son intrigue avec la demoiselle zélée avec eux.

Il fallait avouer qu'elle était superbement faite, une feuille d'automne orangée dormant sur un tapis de feuilles séchées.
Voilà, entre autre, ce qu'il remarqua.
Le bémol était que le charme qui s'extériorisait d'elle n'était pas ce que Ronen recherchait primordialement en faisant halte près de son arbre.
Au même instant qu'il tournoyait autour d'elle, il dit calmement mais avec une voix toujours aussi impressionnament appesantie :

« Douce, Naïve, Légère, Le regard curieux ... Inconsciente. »

Ses propos n'étaient en rien offensant mais de lui-même, il rendait souvent mal à l'aise les personnes qu'il approchait sans faire grand chose.
C'est dire s'il ne fallait pas le titiller.
Chaque mots étaient placés dans un ordre volontairement choisi.
Son jeu cessa très vite, il n'était pas du genre à musarder longtemps.
D'ailleurs, quand il le fait, quelque soit le jeu auquel il décide de jouer, il se moque de l'avis de "ses partenaires".

Par la suite, il s'arrêta sur le collier de Branwen en prenant le pendentif à sa main.
Le contraste de la paume de sa grande main virile en comparaison au fin visage fluet de Branwen faisait pâlir.
Il observa le bijoux artisanal tête baissé, et riva ses yeux charbon sur elle.
Après un court silence, il parla à nouveau :

« Cette branche... N'est pas morte. »

Une réflexion qu'il fit à haute voix.
Ses yeux vides se portèrent alors sur l'arbre derrière elle.

* C'est le même bois. *

Ce constat fut établi lorsqu'il se rendit compte de la ressemblance entre la brindille et l'arbre où elle se reposait juste avant.

Il ne sentait pas de magie autour de lui, mais un phénomène bien étrange de quiétude entourait la nymphe depuis le début de leur rencontre.
Ce qui l'agaçait assez !
C'était comme si l'aura néfaste qu'il dégageait cohabitait sans se mélanger avec l'atmosphère alanguie et inébranlable tout autour.
Faire fasse à de la magie, il le pouvait.
Mais pour détruire quelque chose d'inconnu, il fallait d’abord en connaître les facettes.
"Dévaster" était ce pour lequel il était né...
Voilà pourquoi il raisonnait en ses termes.

Ronen comprit en la fixant, qu'elle était comme cette enrobage de nature.

* Une grandeur invulnérable. D'une impassibilité vulnérable. *

Il relâcha sa main du collier.
Concluant qu'elle n'était en rien un menace, et ne le serait pas s'il restait en place. le cas échéant, il se douta de sa force comme de sa faiblesse.
Le Commandeur retourna à son étalon.
A son approche l'animal précédemment calme, s'agita un peu plus.
Grimpant dessus, il tira sur les reines pour le faire tourner sur lui même.
Ronen fit un signe d’aurevoir semblait vouloir dire quelque chose mais n’en fit rien.
Il partit en direction de ses camarades au large de la forêt.

Décidemment, le commandeur était un personnage bien plus étrange que le laissait déjà pressentir son physique stoïque et froid. Il avait tout de l'homme à l'âme sombre et cinique, et il serait sans doute facile de voir dans ses sombres yeux haine et rage.

La nymphe se mit soudainement à trésaillir lorsque qu'avec un étrange ton dans sa voix il souffla les mots "par pur plaisir". Ceux-ci se mirent à résonner dans sa tête, de façon bien étrange. Y avait-il un sens caché derrière ces paroles.

Cette sensation se fit plus opressante lorsqu'il vint tournoyer autour d'elle, comme le vent pouvait le faire autour du tronc de son arbre. Mais là, l'observation qu'il se faisait d'elle n'avait certainement rien de plaisant, ou du moins, n'en était pas le but.
L'elfe noir était vraiment bizarre, son aura sombre, un regard calculateur, des manières à la fois brute et précise. Il semblait sauvage, comme la nymphe, mais à un niveau différent.
Branwen était sauvage comme la nature, lui sauvage comme un animal, un prédateur.

Ronen commença à ennumérer des adjectifs censer qualifier la jeune femme. Les premiers étaient fort apréciables, mais elle eut une drôle d'impression quand il mentionna son inconscience. Sans doute lié à son innoncence? Cependant, elle ne put s'empêcher de rajouter quelques mots, les susurants discrètement, comme si elle avait eu peur de froisser le grand homme.

" L'inconscience peut parfois ouvrir de drôles de portes.... notemment celles que notre conscience nous limite. Et cela peut nous mener vers de bien étrange voie que l'on soupçonnerait à peine... "

Néanmoins, quand il lui souffla ses paroles, elle frissonna au son de sa voix, si rigide, froide. Et elle pâlit alors lorsqu'elle sentit sa lourde main se saisir de son pendatif en bois. Elle sentait la chaleur de sa chair émanée contre sa peau nacrée. C'était paradoxal. Que désirait-il? Elle avait du mal à croire qu'il s'était arrêté ainsi seulement par "pur plaisir". Quoique...

Ses yeux mauves croisèrent son regard ténébreux, et elle resta ainsi quelques secondes, sans sourciller. Sur le coup, d'un geste qu'elle se tint, elle eut envie de se saisir de sa main, mais elle resta immobile. Même si il ne désirait pas de réponse, elle rajouta tout de même.


" En effet.... ce bois n'est pas mort car il vit à travers moi, comme moi à travers lui.... peut-être qu'un jour vous en découvrirez le secret... "

Innocemment, elle sourit. Celui-ci coupa alors tout contact en s'éloignant de la jeune femme, laissant son pendentif retrouver son cocon au creux de son cou, et lui s'en retournant vers son cheval.

Pousser par une volonté qu'elle ne comprit pas, elle fit quelques pas hésitant vers l'étalon noir, avant de se retenir de nouveau. C'était comme si une puissance l'avait poussé à aller vers lui, lui demandant de découvrir un mystère que cachait cet elfe noir. Mais la sombre émanence qui s'échapait de lui pouvait en refroidir plus d'un, et en cet instant, elle se rappelait de l'enseignement des amazones.

Une expression simple, douce et étonnée se lit alors sur le visage de la nymphe. Elle garda indubitablement ses yeux sur lui, son cheval, et le regarda alors s'éloigner.
Par un mouvement empressée, elle l'espionna alors dans sa course, caché derrière son arbre, sa joue contre l'écorce blanche de celui-ci, mais sa main était posée sur la marque qui était gravé sur lui. D'un geste étrange, elle dessinait les contours de cette marque, sans quitter le commandeur des yeux.

* Intriguant.... c'est un homme intriguant.... il aurait été intéressant de mieux le connaître....*