Un simple banc

Perdue dans cette cité, qu'elle trouvait immense, Floriane n'eût pas fini de tourner en rond si ce n'était pour cette place, qu'elle aima à première vue et qu'elle aimerait toujours. Elle avait mal aux pieds d'avoir tant marché, ses sandales étaient usées et elle sentait le cuir pénétrer sa chaire, frottant, irritant, uusant sa peau blanche. N'en pouvant plus, elle chercha un coin où se poser et surtout où se reposer. Elle tourna lentement la tête d'abord à droite, puis à gauche, évaluant ce qui l'entourait mentalement, c'était une habitude, il ne fallait faire confiance à rien ni à personne, elle en était arrivée aussi loin dans sa vie uniquement parce qu'elle s'était débrouillée seule.
Certes, aujourd'hui elle n'avait plus rien, mais au moins elle était maîtresse de sa propre destinée, elle savait qu'elle pouvait prendre en main sa vie et qu'elle ne dépendait de personne.

Une légère brise souffla, faisant danser ses cheveux devant ses yeux, elle les repoussa doucement du bout des doigts, et c'est alors qu'elle vit une autre jeune femme, assise sur un banc un peu plus loin.
Ses yeux se rétrécirent, elle l'observait. Rien en elle ne criait au danger, mais mieux vallait tout de même rester sur ses gardes, la place vide était silencieuse et bien qu'elle appréciait le silence, elle préférait la compagnie à ce silence. On ne savait jamais.

Elle décida alors de s'approcher de la dite femme, elle était belle et sa robe de soie lui faisait penser à ces femmes qu'on voyait dans les livres, dont on entendait parler chez elle. Une prêtresse, une femme qui dédiait sa vie à un culte, à un dieu, qui vivait dans un temps, qui organisait des sacrifices ou au contraire fêtait la naissance. Tout cela, la jeune Floriane ne pouvait connaître, son peuple, son clan jamais ne célébrait de fêtes. Pourquoi en célébrer quand il n'y avait rien à fêter? Pourquoi dépenser alors qu'ils n'avaient rien d'autres que leur propre personne?
Mais ce n'était pas parce que son peuple était comme cela que tous devaient l'être. Consciente de ce fait elle continua à s'approcher vers la jeune femme. Elle ne souriait pas, mais ne faisait pas la tête non plus. Elle était tout somplement.
Une fois à courte distance de la jeune femme, aux allures qu'elle aurait même qualifié de princesse pour quelqu'un de son origine, elle tendit la main vers elle et la ramena en un arc pour place sa main sur son coeur en un mouvement gracieux. Ce geste amical était pour souhaiter la bienvenue ou pour marquer la joie de cette rencontre chez elle. Elle avait aussi légèrement incliné sa tête vers la femme. Lorsqu'elle se redressa elle prit alors parole.

"Je suis enchantée de faire votre connaissance. Je me nomme Floriane Winthrop et souhaiterai vous demander où trouver un hébergement dans cette cité."

Bien qu'elle détestait donner son nom car chez elle les gens le reconnaissait pour ce qu'il était, elle se dit qu'il ne lui ferait aucun mal de le donner dans un telle ville, où elle risquait moins que dans son habitat naturel.

Le vent soufflait doucement.

Zertina sentait quelques mèches de ses cheveux voler devant son visage, elle aurait pu les repousser d’une main mais par fainéantise ou peut-être par lassitude. Sa vision fut zébré par les rayures noirs de sa chevelure. Parfois, selon l’intensité du vent elle voyait une mèche rouge passer devant son nez et ses yeux. Depuis qu’elle était toute petite, elle avait toujours eux ces mèches rouge écarlate qui passait de chaque coté de son visage. Comme elle était plus courte que le reste de sa chevelure, Zertina n’arrivait jamais à les fixer avec le reste de ses cheveux, les mèches passaient toujours devant et barraient la vision de la jeune fille.

C’est alors que Zertina sentit une présence sur sa droite, elle tourna doucement la tête et regarda la présence en question. C’était une jeune femme, à peine plus agée qu’elle. Elle semblait être une jeune femme très simple et gentille, ses longues sandales galbaient ses longs mollets ; elle était très gracieuse. Zertina s’apprétait à se lever et acceuillir la nouvelle venue, mais celle-ci la devança et lui offrit un étrange ballet.
Elle tendit la main vers elle et l'arqua vers le coeur, c'était très joli et Zertina devinait que cela souhaitait quelque chose d'heureux. L'inconnue se présenta, Floriane Winthrop, c'était un joli prénom.
La jeune femme se leva, effaça un faux pli de sa tunique et poa les deux mains sur son coeur avant de s'incliner elle aussi vers l'avant.

"Ravie de vous rencontrer mademoiselle Winthrop, je me nomme Zertina Kedrako, prétresse de Romant-Apria. Je serais ravie de vous aider."

Elle se redressa et regarda la jeune femme en face d'elle dans les yeux et sourit. Elle cherchait un toit pour quelques nuit ? Le seul endroit correct que Zertina connaissait c'était une petite auberge du nom de 'la bonne paillasse'. Ce nom avait toujours fait rire la jeune femme, il évoquait à la fois la simplicité d'un language familier tout en étant assez dévalorisant avec ce même language.
Zertina se déporta sur la droite de la jeune fille et lui fit signe de la suivre. Les sadales de la Romant-apria claquaient doucement sur les dalle lisse de la place, saccadant et donnant un rythme à la scène. Après quelques instants Zertina se sentit génée du silence qui s'installait, aussi elle éleva la voie pour le combler. Lorsqu'elle était seul ce silence ne la dérangeait pas, au contraire. Mais lorsqu'elle était avec quelqu'un elle trouvait gènant et déplacé de ne rien dire.

"Vous cherchez un endroit simple pour quelques nuit ou vous comptez vous installer définitivement dans cette cité ?"